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Petit tour au Tibet, en pays Catalan

Ça y est, c’est le printemps.

Et tu sais ce que ça veut dire ? Que tous tes copains salariés de Herbalife vont doubler leur quantité de messages clichés sur tes réseaux sociaux, à coups de : « Ta silhouette bikini de l’été 2019, c’est now or never !! », « No pain, no gain ! N’oublie jamais ça, poto ! », « Souviens toi que t’as mangé une tranche de bûche de Noël à Noël. Pour te détoxer, teste le jus de poireaux! ».

Le seul hic c’est que dès qu’on me parle de fitness (et toutes les modes qui l’accompagnent), mon cerveau fait :

%windir%\system32\shutdown.exe -s -t 00

Je préfère croire à un autre vieil adage (qui m’arrange beaucoup plus, faut bien l’avouer).

 « La beauté du corps se reflète par la beauté de l’âme »  
(musique pathétique de violons)

Et c’est ainsi qu’un dimanche matin, alors que mon corps métabolisait mes excès de vermouth et de pizza carbonara de la veille, je pris le train direction Garraf pour rencontrer les fameux moines bouddhistes Catalans. Je n’ai été arrêtée devant rien : pas ma peur des chenilles venimeuses, pas mon oubli de prendre une bouteille d’eau, pas mon mal de ventre ramené du Maroc…NADA !!

Je prie pour que cette première rando du printemps chez les moines me suffise pour remonter mes fesses plates et durcir mes abdos jusqu’à fin septembre, parce que je pense n’avoir jamais autant marché de ma vie. 

Ce qu’il faut savoir c’est que c’est une rando facile mais assez longue. Râleurs, empressés et caliméros : vous apprendrez à gagner en patience pendant cette rando. Un vrai voyage spirituel, en somme…

Ce chemin, très fréquenté, est répertorié sur Google Maps donc il faut vraiment le vouloir pour se perdre (ce qu’on a fait, d’ailleurs).

En avançant sur ces chemins, on défile devant une variété d’agréables perceptions : des vues panoramiques de la mer Méditerranée qui se confond avec le ciel; le doux parfum des plantes de la garrigue qui embaument l’air sec; le soleil méridional qui tape sur les troncs torturés d’oliviers et rend brûlants les murs de pierres des mas abandonnés; les formes biscornues de vignes qui sortent de la terre comme des doigts boursouflés de sorcière…

Et surtout le Monastère Sakya Tashi Ling.

L’éclectisme des styles – symboles bouddhistes et orientaux,  style néo-classique et colonial des Amériques – qui ne laissent pas indifférent.

Loin des fourmillements de la ville, une paix inaltérable règne sur ce lieu caché en plein cœur du Parque Natural del Garraf.

A l’origine, ce palais fut construit par une famille d’ «Indianos », en 1905. Les Indianos sont ces catalans partis faire fortune à Cuba et qui, une fois celle-ci amassée, sont retournés construire des palais inspirés d’une architecture très similaire à celle de la Havane (d’ailleurs, pour plus de maison d’Indianos, allez visiter Begur sur la Costa Brava). Il paraît qu’à la suite de mauvaises récoltes, cette famille d’Indianos aurait perdu toute sa fortune et aurait du abandonner ce palais, qui, depuis 1996, a été converti en temple tibétain.

Les couleurs qui éclatent dans son jardin m’ont captivée. Au cœur du sanctuaire de ce monastère, se trouve une tour dont le sommet doré rayonne au milieu de moulins à prières. De drôles d’effigies dansantes et des drapeaux de prières colorés qui papillonnent dans la brise rendent aussi ce lieu lumineux et insolite.

Je suis tout de même un peu triste de n’avoir vu aucun moine au crâne rasé en robe orange (kasaya). En fait, ce monastère bouddhiste suit la tradition « Sakyapa », enseignée par Sakya Trizin, un ancien roi du Tibet, et dont les règles s’éloignent des courants plus connus du bouddhisme.

Une fois le Monastère atteint, le chemin du retour, vers la station de train de Sitges, a été bien plus facile à trouver que celui de Garraf au Monastère.

Finalement je suis rentrée non seulement avec une paix intérieure immuable, de beaux souvenirs mais également des jambes surement aussi fermes que celles de Serena Williams. N’en déplaise à Herbalife.

Alexandra