Barcelone est la seule ville au monde à avoir été récompensée d’une médaille d’or pour son architecture, par le Royal Institute of British Architects (Institut Royal des Architectes Britanniques). Hormis son plus célèbre architecte, Antoni Gaudi, beaucoup d’autres ont mélangé science et esthétisme pour marquer l’allure de Barcelone et glorifier son caractère éclectique.
On va donc vous ouvrir les yeux sur ses chef-d’œuvres architecturaux au fil des siècles !
Coincée entre la mer et la Sierra de Collserola, Barcelone n’a cessé de se réinventer, souvent au gré d’événements marquants.
La mer et la terre se sont fait la cour tout au long de son histoire. Cette relation a permis un mélange constant de peuples et de cultures, donnant à la ville son caractère cosmopolite et méditerranéen. La diversité, l’éclectisme et l’audace des barcelonais est incarnée par son architecture.
Petite colonie romaine nommée « Barcino » à sa fondation au Ier siècle, la ville était prospère, vivant de pêche et d’agriculture. En se promenant dans le Gotico, on retrouve facilement des vestiges de cette colonie au milieu de la modernité. Une muraille et un aqueduc sont par exemple adossés à la Plaça Nova de Barcelona. Un peu plus loin, à côté d’un Decathlon, un cimetière de 70 tombes des II-IIIème siècles laissent les marques d’un héritage romain sur la Plaça Vila de Madrid.
Ensuite, Barcelone s’étend peu à peu pendant l’ère médiévale en tant que port. Les invasions s’y succèdent : les barbares, puis les Wisigoths, puis les musulmans. Et chacune à sa manière façonnera la ville.
Les ruelles du Gótico, parfois sombres et resserrées, conservent des reliques de diverses époques.
Mais c’est l’art gothique, au moment de la Reconquista par les royaumes chrétiens, qui aura raison de ce qui subsiste dans ce quartier.
En effet, l’impressionnante Cathédrale Sainte-Croix de Barcelone (Catedral Santa Creu de Barcelona) en est un bel exemple.
Cette cathédrale gothique a été construite sur une ancienne cathédrale romane, elle-même bâtie sur une église datant de l'époque wisigothe.
Son architecture gothique a été dessinée par quatre architectes différents de 1317 à 1880: Jaume Fabre, suivi de Bernat Roca (pendant 23 ans), puis
de Arnau Bagués (auteur de la façade de La Casa de la Ciutat) et enfin Bartomeu Gual.
Un urbanisme hygiéniste pour assainir la ville
Au XIXème, Barcelone vit ! Barcelone devient une grosse bête jamais tranquille qui accumule saletés et maladies et qui ne cesse de s’étendre.
Jusqu’alors des villages indépendants, Sant Martí, Gràcia, Sarrià et Sants vont être engloutis pour devenir les quartiers qu’on connaît aujourd’hui.
En réponse à l’insalubrité de cette ville grandissante, Ildefons Cerdà va profondément améliorer la qualité de vie à Barcelone grâce à un plan urbain « hygiéniste ». Le Plan Cerdà, caractérisé par une organisation en quadrillage de la ville, a d’ailleurs facilité de récents plans de mobilité. Ceux-ci font face au réchauffement climatique et à la pollution atmosphérique, comme l’explique une vidéo ici.
El Modernismo : une architecture digne de contes pour enfants
Barcelone est une ville faite par et pour les rêveurs. Aux XIXème et XXème siècles, la bourgeoisie barcelonaise fera d’importants investissements pour rénover des immeubles entiers, en faveur des formes irrégulières et courbées du modernisme catalan. Ce courant d’architecture est incarné par Antoni Gaudi et ses confrères : Josep Juliol, Luis Domènech i Montaner, et Josep Puig i Cadafalch.
Outre Antoni Gaudi, à cette époque, Luis Domènech i Montaner
dessine aussi des maisons sinueuses et asymétriques. Il a par exemple conçu la
Casa Fuster, déclarée patrimoine de l'UNESCO. Maintenant un hôtel de
luxe aux courbes imaginatives, on peut y trouver un bar-terrasse offrant une
vue imprenable de Passeig de Gracia et du village de Gràcia. Le Palau de la
Música Catalana et l'Hospital de Sant Pau sont aussi de lui.
L'architecte moderniste Josep Puig i Cadafalch est le troisième grand
nom du courant moderniste de Barcelone. Il était à la tête de l'édification de la
Plaça d'Espanya et de l'usine Casaramona, ci-dessous, qui abrite maintenant
la Caixa Forum.
A partir de deux matériaux très fonctionnels : la brique et le fer
forgé, Cadafalch crée de surprenantes formes mauresques dans
sa Casaramona.
Un parfait exemple de ce courant est le Pavillon Allemand de
Ludwig Mies Van der Rohe. Cet architecte allemand va
ingénieusement tirer pleinement profit de matériaux d'excellente
qualité avec peu de moyens matériels.
Cette construction est vraiment une oeuvre remarquable de l'architecture
moderne. En créant des séquences surprenantes de plans, il efface les
limites entre l'intérieur et l'extérieur. Toute ressemblance à un temple
grec n'est pas fortuite.
Et puis, pour accueillir une population grandissante, la multiplication de « Poligonos » en périphérie et de complexes résidentiels dans les années 1960 et 1970, fera émerger un certain Jose Antoni Coderch i de Sentmenat.
1968 : Avec ses Cocheras de Sarrià par exemple, Coderch fait rimer « barres d’immeubles » avec esthétique, sécurité et bien-être. En relevant le
défi de jouer avec les points de repères et les formes géométriques, l'architecte barcelonais nous plonge dans une drôle d'expérience spatiale. Pour rajouter
une touche de douceur de vivre, il mise sur les placettes et les espaces "verts" de lavandes...Sympa !
1989-1992 : Antoni Bonet et Ricardo Bofill ont conçu La Vila Olimpica, autrefois une zone industrielle. Les deux tours (une dans les
quartiers résidentiels, et l’autre, au port olympique), symbolisent la mutation de Barcelone suite aux JO de ‘92. Ricardo Bofill a aussi dessiné l'hôtel W, cet
hôtel de luxe en forme de voile à la Barceloneta.
1990-1993 : Pere Riera, Josep Maria Gutierrez, Josep Sotorres, Montserrat
Batlle ont fait revivre la Centrale Fecsa.
Du côté du Raval, on retrouve encore une fois des mélanges d’époques : le Macba (1995) face au Couvent dels Angels (1497). Le CCCB est lui aussi une surprenante mosaïque de styles et d’époques, qui comprend un ancien couvent, un ancien orphelinat, un vieux théâtre, et une extension contemporaine. L’extension « contemporaine » du CCCB est sans doute l’aspect le plus impressionnant de son architecture. Avec sa façade à vitres-miroir inclinée construite dans les années 90, elle offre une fantastique vue panoramique de la vieille ville à ceux qui regardent depuis sa base dans le patio.
1990-1994 : L'extension a été conçue par Helio Piñón & Albert Viaplana
Sa façade inclinée vaut le détour, pour voir une vue panoramique de la vieille ville.
Enfin, le Forum de 2004 positionnera Barcelone non plus seulement en destination touristique mais aussi en centre de business, attirant de nombreux investissements, et des hommes/femmes d’affaires. Les nouveaux bâtiments –souvent des sièges sociaux et/ou bureaux– commencent à tenir compte des exigences sociales et environnementales. En voici 3 exemples :
2005 : Torre Glories, de l'architecte français Jean Nouvel
Qu’on l’appelle « Suppositoire », « Concombre », « Tour Agbar » ou « Torre Glories », une chose est sûre, cette tour fait parler d’elle.
Ce gratte-ciel forme l’union de deux contraires : la légèreté du verre et la structure en béton massif. Ce style –appelé high-tech– intègre à sa façade plus de 4000 LED pour créer des images changeant selon les équinoxes. Sa structure, constituée de 2 cylindres ovales non-concentriques, permet à des capteurs de température de commander l’ouverture des stores de verre de la façade, et de réduire la consommation d’énergie.
2006 : Ancien siège de Grupo Planeta, pensé par Darz Mol.
Qu’on se le dise, l’architecture de ce bâtiment est loin d’être exceptionnelle. En revanche, sa jungle verticale en guise de façade est vraiment cool ! Ces « Jardins Suspendus de Barcelone » servent d’exemple d’adaptation du bâtiment au changement climatique.
Le Museu de Ciències Naturals de Barcelona, ou le Museu Blau (Musée bleu), inauguré en 2011, est situé à l'intérieur d’un bâtiment de
couleur bleue intense conçu par le cabinet d'architectes suisse Herzog & de Meuron.
Un de nos coup de ♥ d’architecture à Barcelone, le “musée bleu” joue avec divers éléments : les textures, la lumière, la pesanteur. Tout semble fait pour nous plonger dans l’univers marin de la Méditerranée: sa surface réfléchissante bleu-marine lisse, son matériau rugueux rappelant les algues, et ses formes de voile flottante.
Résultat du croisement de diverses civilisations, Barcelone, « Barca Nona », « Barcino », « Barjlûna », ou « Barna », est aujourd’hui indissociable de son architecture. Sur les rivages de la Méditerranée, cette ville accueillante a de tous temps été un lieu de liberté et de créativité architecturale. De grands noms restent associés à cet espace, tandis que d’autres passent peu à peu aux oubliettes. Dans tous les cas, nos yeux ne peuvent qu’être éveillés, et notre coeur conquis, par tant de belles constructions.
Alexandra
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